nouvelle chronique tout ou rien dans le 3 couleurs de MK2

 

En 1995, Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa fondent l’agence d’architecture SANAA. En 2010, ils reçoivent le prix Pritzker, la plus prestigieuse récompense qui puisse être décernée en matière d’architecture.

Les bâtiments qu’ils conçoivent sont d’une apparente simplicité. Et comme tout ce qui est simple, ils reposent sur un équilibre délicat. Chez SANAA, le vocabulaire a la richesse de la pureté. L’exactitude des volumes, des formes, des lignes s’écrit imperceptiblement en faussant la rigidité. Partout, la lumière sculpte avec douceur. Beaucoup de blanc et donc toutes les nuances de gris que cela suppose. L’environnement et l’extérieur se chargent du reste.

Ils viennent de signer le tout récent musée du Louvre à Lens. Une longue ligne de verre et d’aluminium, à peine plus haute que les cités minières qui l’entourent. Son horizontalité fait écho à la profondeur de l’ancienne fosse sur laquelle il se déploie au gré de subtiles déclivités. De l’extérieur, il reflète l’humeur du temps et la végétation qui l’entoure. À l’intérieur, par leur effet miroir, les douces parois d’acier de la Galerie du Temps en repoussent les limites à l’infini.

Un critique en architecture a déjà qualifié l’ouvrage de concession automobile, regrettant qu’il n’ait pas le “geste” d’un Guggenheim de Bilbao. Peut-être n’a-t-il jamais mis les pieds chez un vendeur de voitures, à moins qu’il y ait au contraire passé trop de temps…

Entendu dans la foule qui se pressait le premier jour d’ouverture au public: “De l’extérieur, le Bilbao en met plein la vue, mais une fois à l’intérieur, on ne voit plus rien. Ici, on regarde les oeuvres, et peu à peu le musée se dévoile”.

La simplicité…