chronique tout ou rien pour le 3 couleurs de MK2. (inédite)

C’est au Québec, en pleine nature, que Richard Greaves a édifié une dizaine de cabanes, faites de matériaux de récupération et d’objets de rebut. Ces mikados géants entièrement assemblés avec des cordes et des ficelles défient les intempéries, les lois de la construction et de l’habitabilité. Pourtant, au premier regard, elles exercent une attraction irrationnelle. De ces constructions aux allures parfois inquiétantes, pourrait surgir à tout moment une créature terrifiante, perdue là, loin de tout, abandonnée par les hommes à sa folie… Mais elles fascinent. Sans doute parce qu’elles renvoient à nos fantasmes d’enfants quand, armés de quelques planches d’un marteau et de trois clous, nous nous découragions trop facilement devant notre incapacité à concrétiser nos modestes projets de refuges secrets.

L’esthétique de ces créations est puissante. Par ses fondements, elle envoie un signal pressant sur nos modes de vie au bord de l’effondrement. Mais en se retirant pour bâtir cet embryon de village résiduel, il semble que Greaves ait surtout trouvé la manière d’écrire sa propre histoire en puisant dans la symbolique et la dimension psychique des cabanes.
“Si on veut être heureux, il faut trouver le bon passage. Et si je ne peux pas le trouver dans mon vécu, je veux le trouver avec mes oeuvres. Il y a des passages partout ici” (RG)

Un livre: Richard Greaves – Anarchitecte 5 continents éd/société des arts indisciplinés